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Questions fréquemment posées sur les mutilations génitales féminines

Resource date: Feb 2025

Auteur: UNFPA

Qu’entend-on par mutilations génitales féminines (MGF) ?
Combien de femmes et de filles sont concernées ?
Quel est l’impact des mutilations génitales féminines sur la santé des femmes et des filles ?
Quelles sont les conséquences lors de l’accouchement ?
Y a-t-il un lien entre les mutilations génitales féminines et le risque d’infection à VIH ?
Quelles sont les incidences psychologiques des mutilations génitales féminines ?
Quels sont les différents types de mutilations génitales féminines ?
Quels sont les types les plus courants ?
Pourquoi existe-t-il différents termes pour parler des mutilations génitales féminines, comme l’excision ou la circoncision féminine ?
Quelle est la terminologie employée par l’UNFPA ?
D’où vient cette pratique ?
À quel âge les mutilations génitales féminines sont-elles pratiquées ?
Dans quels pays les mutilations génitales féminines sont-elles pratiquées ?
Par qui les mutilations génitales féminines sont-elles pratiquées ?
Quels instruments utilise-t-on pour pratiquer les mutilations génitales féminines ?
Pourquoi pratique-t-on les mutilations génitales féminines ?
Les mutilations génitales féminines sont-elles exigées par certaines religions ?
Peut-on proscrire les mutilations génitales féminines bien qu'elles relèvent d’une tradition culturelle ?
Peut-on remettre en cause les pratiques culturelles ancestrales comme les mutilations génitales féminines ?
Quel est le lien entre les mutilations génitales féminines et l’origine ethnique ?
Que signifie l’expression « médicalisation des mutilations génitales féminines » ?
Les mutilations génitales féminines pratiquées par du personnel de santé qualifié ne sont-elles pas plus sûres que celles réalisées par une personne sans aucune formation médicale ?
Quelle est l’approche de l’UNFPA en matière de mutilations génitales féminines ?
Quels sont les pays qui disposent d’une loi interdisant les mutilations génitales féminines ?
Comment les mutilations génitales féminines sont-elles abordées dans le Programme d’action de la CIPD ?
Quelles sont lois internationales et régionales qui peuvent être invoquées pour l'élimination des mutilations génitales féminines ?

Qu’entend-on par mutilations génitales féminines (MGF) ?

Les mutilations génitales féminines (dont l’abréviation est MGF et qui sont parfois désignées par d’autres noms) se rapportent à toutes les interventions visant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins pratiquée à des fins non médicales.

Combien de femmes et de filles sont concernées ?

On estime actuellement à 230 millions le nombre de filles et de femmes ayant déjà subi des mutilations génitales féminines, et à 27 millions celui des filles risquant à leur tour d’en être victimes d’ici 2030. Les filles et les femmes ayant subi ces pratiques vivent principalement en Afrique et en Asie. (En savoir plus sur les pays pratiquant les mutilations génitales féminines.)

L’UNFPA estime que 68 millions de filles seront soumises aux mutilations génitales féminines entre 2015 et 2030. L’enjeu est non seulement de protéger les filles actuellement à risque, mais également de veiller à ce que celles qui vont naître soient à l’abri des dangers de la pratique. En 2025, l’UNFPA estime qu'environ 4,4 millions de filles courent le risque de subir de telles mutilations, contre 4,1 millions en 2019.

Entre 2020 et 2022, la COVID-19 a perturbé les programmes visant à empêcher les mutilations génitales féminines, et on estime à un tiers la réduction des avancées en faveur de l’élimination de la pratique d’ici 2030.

Quel est l’impact des mutilations génitales féminines sur la santé des femmes et des filles ?

Les mutilations génitales féminines renforcent les risques de complications immédiates et à long terme, tant sur le plan psychologique, obstétrique, génital et urinaire, que sur celui de la santé sexuelle et reproductive.

Les mutilations génitales féminines ne présentent aucun bénéfice pour la santé.

Certaines complications peuvent survenir immédiatement : douleur violente, choc, hémorragie, tétanos ou infection bactérienne, rétention d’urine, ulcération génitale et lésion des tissus adjacents, infection de la plaie, infection urinaire, fièvre et septicémie. En cas d’hémorragie ou d’infection graves, les mutilations génitales féminines peuvent entraîner la mort.

Parmi les conséquences à long terme, on peut citer les complications lors de l’accouchement, l’anémie, la formation de kystes et d’abcès, la formation de cicatrices chéloïdes, des lésions à l’urètre entraînant l’incontinence urinaire, la dyspareunie (rapports sexuels douloureux), la dysfonction sexuelle, l’hypersensibilité de la zone génitale ainsi que des répercussions psychologiques, et la pratique est susceptible d’accroître le risque de transmission du VIH.

L’infibulation, aussi appelée mutilation génitale féminine de type III, est la forme la plus sévère de ces mutilations. Il s’agit d’un rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les petites ou les grandes lèvres, avec ou sans ablation du prépuce/capuchon et gland clitoridiens, en laissant une petite ouverture pour l’évacuation de l’urine et des saignements menstruels. Cette opération peut entraîner des troubles urinaires ou des infections urinaires à répétition. De plus, l’infibulation peut provoquer l’accumulation du flux menstruel dans le vagin et l’utérus, entraînant des douleurs pelviennes chroniques et la stérilité. À cause de la barrière physique ainsi créée aux rapports sexuels et à l’accouchement, il est nécessaire de procéder à une réouverture (désinfibulation) avant que des rapports sexuels ou un accouchement soient possibles.

Quelles sont les conséquences lors de l’accouchement ?

Les femmes qui ont subi des mutilations génitales féminines sont nettement plus susceptibles de devoir recourir à une césarienne ou à une épisiotomie, d’être hospitalisées plus longtemps et de souffrir d’hémorragie post-partum que les autres.

Pour les femmes qui ont subi une infibulation, il est plus probable que le travail soit prolongé, pouvant parfois entraîner la mort du fœtus ou du nouveau-né.

Y a-t-il un lien entre les mutilations génitales féminines et le risque d’infection à VIH ?

Il n’existe pas d’association directe claire entre les mutilations génitales féminines et le VIH. Cependant, certains mécanismes accentuent le risque d’infection par le VIH, notamment l’utilisation du même instrument pour plusieurs interventions chez plusieurs femmes et filles différentes. En outre, le risque peut augmenter à cause d’une lacération des tissus lors des rapports sexuels, ou de l’utilisation de transfusions dangereuses en cas d’hémorragie post-partum sévère, une complication qui est plus répandue chez les femmes ayant subi des mutilations génitales que chez les autres.

Quelles sont les incidences psychologiques des mutilations génitales féminines ?

Les mutilations génitales féminines peuvent avoir des répercussions immédiates autant que durables sur les femmes et les filles qui les subissent. Parmi elles, le syndrome de stress post-traumatique, les troubles anxieux, la dépression, des souffrances somatiques (douleurs par exemple) sans cause physique identifiable.

Quels sont les différents types de mutilations génitales féminines ?

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit quatre types de mutilations génitales féminines :

Type I, aussi appelé clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce.
Type II, aussi appelé excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres. La quantité de tissus enlevée varie fortement d’une communauté à l’autre.
Type III, aussi appelé infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par la création d’une fermeture, réalisée en coupant et en repositionnant les petites lèvres et/ou les grandes lèvres. L’infibulation peut être pratiquée avec ou sans ablation du clitoris.
Type IV : toutes les autres interventions nocives pratiquées sur les organes génitaux féminins à des fins non thérapeutiques, telles que la ponction, le percement, l’incision, la scarification et la cautérisation.

On rencontre d’autres termes liés aux mutilations génitales féminines : désinfibulation et réinfibulation.

La désinfibulation est une intervention chirurgicale chez une personne ayant subi une mutilation génitale de type III, visant à améliorer sa santé et son bien-être, ou bien à permettre des rapports sexuels ou faciliter l’accouchement. Il s’agit de sectionner le tissu cicatriciel recouvrant l’orifice urinaire et vaginal, et de suturer les bords pour créer une ouverture.

La réinfibulation consiste à pratiquer une nouvelle suture des lèvres après une désinfibulation. Cela se pratique généralement après l’accouchement.

Quels sont les types de mutilations génitales féminines les plus courants ?

Les types I et II sont les plus répandus, mais la situation varie selon les pays. Le type III, l’infibulation, représente environ 10 % des cas de mutilations génitales féminines et se rencontre surtout en Somalie, au nord du Soudan et à Djibouti.

Pourquoi existe-t-il différents termes pour parler des mutilations génitales féminines, comme l’excision ou la circoncision féminine ?

La terminologie relative aux mutilations génitales féminines a évolué.

Lorsque la pratique a commencé à retenir l’attention de la communauté internationale, on parlait généralement de « circoncision féminine ». (En Afrique du Nord et de l’Est, ce terme est souvent utilisé pour désigner les mutilations génitales féminines de type I.) Cependant, le terme de « circoncision féminine » a fait l’objet de critiques, car il établit un parallèle avec la circoncision masculine et crée une confusion entre deux pratiques distinctes. Pour ajouter à la confusion, dans de nombreux pays d’Afrique orientale et australe, les experts de la santé recommandent la circoncision masculine afin de réduire le risque de transmission du VIH. À l’inverse, les mutilations génitales féminines peuvent accroître le risque de transmission du VIH et n’ont aucun bénéfice sur la santé.

Selon certain·e·s, ce terme tend à masquer les graves conséquences physiques et psychologiques de l’excision sur les femmes. L’UNFPA n’encourage pas l’emploi du terme de « circoncision féminine », car les conséquences de la circoncision sur la santé ne sont pas du tout les mêmes pour les femmes que pour les hommes.

Il est préférable d’utiliser le terme de « mutilation génitale féminine », car il établit une distinction claire avec la circoncision masculine. Contrairement à la circoncision masculine, les mutilations génitales féminines impliquent diverses pratiques, telles que la cautérisation chimique qui affecte plusieurs parties de l’organe génital externe. L’emploi du terme de mutilation reflète également la gravité de l’acte et souligne que les mutilations génitales féminines sont une violation des droits humains fondamentaux des femmes et des filles. L’expression s’est répandue à la fin des années 1970 et, depuis 1994, elle est utilisée dans plusieurs documents officiels issus des conférences des Nations Unies, et a servi d’outil de plaidoyer et d’élaboration de politiques. Dans la résolution 65/170, les États membres des Nations Unies ont clairement indiqué que le terme « mutilations génitales féminines » devait être utilisé pour faire référence à cette pratique néfaste.

À la fin des années 1990, le terme d’« excision » a été introduit, en partie parce que celui de « mutilation génitale féminine » n’était pas satisfaisant, soit parce que les communautés risquaient de le trouver dévalorisant, soit parce qu’il pouvait laisser entendre que les parents ou les praticien·ne·s qui réalisent cette intervention sont malveillant·e·s. Certain·e·s craignent que le terme « mutilations génitales féminines » n’ostracise les communautés dans lesquelles les mutilations génitales féminines sont pratiquées, voire qu’il n’entraîne une réaction négative, au risque d’augmenter le nombre de filles qui en sont victimes.

Certaines organisations ont quant à elles adopté les deux termes et parlent de « mutilations génitales féminines/excision » ou « MGF/E ».

Il est important de noter que les mutilations génitales féminines recouvrent une grande variété de pratiques, comme la cautérisation ou l’application de produits chimiques, ce qui n’est pas couvert par le terme « excision ».

Quelle est la terminologie employée par l’UNFPA ?

L’UNFPA plaide en faveur d’une approche des mutilations génitales féminines sous l’angle des droits humains. Or, de ce point de vue, c’est le terme de « mutilations génitales féminines » qui décrit le mieux cette pratique.

Aujourd’hui, un grand nombre de pays ont interdit les mutilations génitales féminines, et un nombre croissant de communautés se sont engagées à les abandonner, ce qui montre que les perceptions sociales et culturelles de la pratique qui sont remises en cause par les décideurs à l’échelle nationale, régionale et internationale, le sont aussi par les communautés elles-mêmes. Le moment est donc venu d’accélérer la dynamique en faveur de l’abandon complet des mutilations génitales féminines, en mettant l’accent sur les droits humains.

En outre, le terme de mutilations génitales féminines est employé dans un certain nombre de documents des Nations Unies et de déclarations intergouvernementales. L’un des documents les plus récents est le Rapport 2016 du Secrétaire général de l’ONU (A/71/209) sur l’intensification des efforts mondiaux pour l’élimination des mutilations génitales féminines. Parmi les autres documents utilisant le terme « mutilations génitales féminines », on peut citer le Rapport du Secrétaire général « Mettre fin aux mutilations génitales féminines », la Communication de la Commission au Parlement européen et au Conseil : « Vers l’éradication des mutilations génitales féminines », le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, la Déclaration et le programme d’action de Beijing et Éliminer les mutilations sexuelles féminines : déclaration interinstitutions. Enfin, chaque année, les Nations Unies observent la « Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines » le 6 février.

D’où vient cette pratique ?

L’origine des mutilations génitales féminines n’est pas clairement établie. L’existence de la pratique est antérieure à la Chrétienté et à l’Islam. Des momies égyptiennes présenteraient certaines caractéristiques typiques des mutilations génitales féminines. Des historiens comme Hérodote affirment qu’au Ve siècle av. J.-C., la circoncision féminine était pratiquée par les Phéniciens, les Hittites et les Éthiopiens. Selon certaines sources, des rites de circoncision étaient pratiqués dans les zones tropicales d’Afrique, aux Philippines, chez certaines tribus de haute Amazonie, chez les femmes de la tribu Arunta en Australie, ainsi que chez certains des premiers Romains et Arabes. Encore récemment, dans les années 1950, l’ablation du gland clitoridien était pratiquée en Europe occidentale et aux États-Unis pour traiter certains états et comportements perçus comme des maladies : hystérie, épilepsie, troubles mentaux, masturbation, nymphomanie et dépression. En d’autres termes, les mutilations génitales féminines ont été pratiquées, à toutes les époques et sur tous les continents, par de nombreux peuples et sociétés.

À quel âge les mutilations génitales féminines sont-elles pratiquées ?

L’âge auquel elles sont pratiquées varie, mais c’est souvent le cas entre 5 et 9 ans. Dans certaines régions, les mutilations génitales féminines sont réalisées lors de la petite enfance, parfois quelques jours seulement après la naissance. Dans d'autres régions, l’intervention a lieu au cours de l’enfance, au moment du mariage, au cours de la première grossesse ou après la naissance du premier enfant. Des rapports récents suggèrent que l’âge auquel l’intervention est pratiquée s’est abaissé dans certains pays.

Dans quels pays les mutilations génitales féminines sont-elles pratiquées ?

La pratique des mutilations génitales féminines est actuellement documentée dans 92 pays du monde, qu’il s’agisse de données nationales représentatives, d’estimations indirectes, d’études à petite échelle, ou bien de preuves anecdotiques et de signalements dans la presse. Cela souligne le caractère mondial de cette pratique néfaste et la nécessité d’une réponse internationale et complète afin de l’éliminer.

33 pays d’Afrique génèrent des données sur les mutilations génitales féminines à partir de données nationales représentatives : Afrique du Sud, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Kenya, Liberia, Malawi, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Soudan du Sud, Tchad, Togo, Zambie, Zimbabwe.

Au Moyen-Orient, les mutilations génitales féminines sont pratiquées aux Émirats arabes unis, à Oman et au Yémen, ainsi qu’en Iran, en Iraq et dans l’État de Palestine.

En Asie, c’est le cas de l’Afghanistan, du Bangladesh, de Brunei, du Cambodge, de l’Inde, de l’Indonésie, de la Malaisie, des Maldives, du Pakistan, des Philippines, de la République démocratique populaire lao, du Sri Lanka, de la Thaïlande, de Singapour et du Vietnam.

On rapporte aussi des cas en Australie et en Nouvelle-Zélande.

En Europe, les mutilations génitales féminines sont pratiquées en Géorgie, dans la Fédération de Russie et au Royaume-Uni.

On en rapporte également aux États-Unis et au Canada, ainsi qu’en Amérique du Sud : Colombie, Équateur, Panama et Pérou.

Par qui les mutilations génitales féminines sont-elles pratiquées ?

En général, les mutilations génitales féminines sont pratiquées par des ancien·ne·s de la communauté (essentiellement des femmes, mais pas exclusivement) désigné·e·s pour réaliser l’intervention, ou par des accoucheuses traditionnelles. Dans certaines communautés, les mutilations génitales féminines peuvent être pratiquées par des guérisseurs, des barbiers (hommes), des membres de sociétés secrètes, des phytothérapeutes, ou parfois par une parente.

Dans certains cas, ce sont des professionnel·le·s de santé qui réalisent l’intervention. On parle alors de « médicalisation » des mutilations génitales féminines. Selon les estimations tirées du récent rapport de l’UNICEF, environ deux tiers des femmes et filles âgées de 15 à 49 ans ayant subi des mutilations génitales féminines les ont subies des mains d’un·e prestataire de santé, soit 66 % d’entre elles. Dans certains pays, cette proportion peut atteindre 75 %. Cette proportion est presque double chez les adolescentes (34 % chez les 15-19 ans) par rapport aux femmes plus âgées (16 % chez les 45-49 ans). Selon des estimations réalisées à partir d’enquêtes démographiques et de santé et d’enquêtes par grappes à indicateurs multiples, les pays dans lesquels la majorité des mutilations génitales féminines sont pratiquées par des professionnels de la santé sont l’Égypte (38 %), le Soudan (67 %), le Kenya (15 %), le Nigéria (13%) et la Guinée (15 %).

Quels instruments utilise-t-on pour pratiquer les mutilations génitales féminines ?

Les mutilations génitales féminines sont pratiquées à l’aide de certains types de couteaux, de ciseaux, de scalpels, de morceaux de verre ou de lames de rasoir. En général, on n’emploie pas d’anesthésiants ou d’antiseptiques, sauf si l’intervention est réalisée par un·e professionnel·le de la santé. Dans les communautés qui pratiquent l’infibulation, il est courant d’attacher les jambes des filles pour les immobiliser pendant 10 à 14 jours afin de permettre la formation du tissu cicatriciel.

Pourquoi pratique-t-on les mutilations génitales féminines ?

Cette pratique est sous-tendue par des normes sociales ancrées dans des croyances traditionnelles transmises de génération en génération, et qui ne font généralement l’objet d’aucune remise en question. Elles sont par ailleurs appliquées par des mécanismes de validation sociale tels que les perspectives de mariage et des sanctions comme l’exclusion.

Ces règles sociales rendent l’abandon de cette pratique très difficile pour les familles et les individus. Les complications de santé immédiates ou plus durables sont ignorées au profit des bénéfices sociaux perçus, considérés comme plus élevés que les inconvénients.

Les facteurs cités pour expliquer la pratique des mutilations génitales féminines peuvent en général être classés en quatre catégories :

Facteurs psychosexuels : les mutilations génitales féminines sont un moyen de contrôler la sexualité des femmes, que l’on considère parfois comme insatiables si certaines parties des organes génitaux, le clitoris en particulier, ne sont pas retirées. Elles sont censées garantir la virginité avant le mariage et la fidélité de l’épouse, et augmenter le plaisir sexuel de l’homme.
Rites sociologiques et culturels : les mutilations génitales féminines sont considérées comme faisant partie de l’initiation d’une fille au statut de femme adulte et comme un prérequis pour le mariage.
Facteurs esthétiques et liés à l’hygiène : dans certaines communautés, les organes génitaux externes de la femme sont considérés comme malpropres et laids. On justifie alors leur ablation par des arguments liés à l’hygiène et à des considérations esthétiques. Parfois, des mythes relatifs aux organes génitaux féminins (p. ex. le clitoris finira par grossir et atteindre la taille d’un pénis s’il n’est pas coupé, les mutilations génitales féminines améliorent la fécondité ou favorisent la survie de l’enfant) contribuent à perpétuer la pratique.
Facteurs religieux : bien que ni l’islam ni le christianisme ne les cautionne, les mutilations génitales féminines sont fréquemment justifiées par une supposée doctrine religieuse.

Les FGM sont-elles exigées par certaines religions ?

Aucune religion ne prescrit ni ne cautionne les mutilations génitales féminines. Malgré cela, dans quatre des quatorze pays pour lesquels des données sont disponibles, plus de la moitié des filles et des femmes pensent que le fondement des mutilations génitales féminines est religieux. Enfin, bien que les mutilations génitales féminines soient souvent perçues comme liées à l’Islam, peut-être du fait qu’elles sont pratiquées dans de nombreux groupes de population musulmane, elles ne sont pas pratiquées par tous les musulmans alors qu’elles le sont par certaines populations d’autres confessions, dont des chrétiens, des juifs éthiopiens et des adeptes de certaines religions traditionnelles africaines.

Les mutilations génitales féminines sont donc davantage une pratique culturelle que religieuse. De fait, de nombreux chefs religieux l’ont dénoncée.

Peut-on proscrire les mutilations génitales féminines bien qu'elles relèvent d’une tradition culturelle ?

Oui. La culture et les traditions fournissent un cadre au bien-être des êtres humains et des arguments culturels ne sauraient être utilisés pour cautionner des violences à l’égard d’hommes ou de femmes. En outre, une culture n’est jamais statique, elle évolue et s’adapte en permanence. Néanmoins, les activités visant à éliminer les mutilations génitales féminines doivent être conçues et mises en œuvre en tenant compte du profil culturel et social des communautés dans lesquelles elles sont pratiquées. Les comportements peuvent évoluer dès lors que les personnes comprennent les dangers de certaines pratiques et qu’elles réalisent qu’il est possible d’abandonner celles qui sont nocives sans renoncer pour autant à des aspects importants de leur culture.

Peut-on remettre en cause des pratiques culturelles ancestrales comme les mutilations génitales féminines ?

Tous les enfants ont le droit d’être protégés de la violence, à tout moment, et quel que soit le contexte. Le mouvement en faveur de l’élimination des mutilations génitales féminines, souvent d’origine locale, vise à protéger les filles d’une forme profonde, permanente et totalement injustifiée de violence. Les faits montrent que la plupart des hommes et des femmes des pays concernés par les mutilations génitales féminines souhaitent mettre fin à cette pratique et que le soutien aux mutilations génitales féminines diminue globalement, même dans les pays où la cette pratique est fréquente (comme l’Égypte ou le Soudan). L’élimination des mutilations génitales féminines passera par une collaboration intensive et continue entre tous les organes de la société (familles et communautés, chefs religieux et autres dirigeants, médias, gouvernements) et la communauté internationale.

Existe-t-il un lien entre mutilations génitales féminines et groupes de population spécifiques ?

Il n’existe aucun lien clair entre des groupes de populations spécifiques et les mutilations génitales féminines. Cette pratique est signalée dans 92 pays et au sein de groupes de population multiples et diversifiés.

Comment les femmes et les filles qui ont subi des mutilations génitales féminines en parlent-elles ?

Les femmes du monde entier parlent de leur expérience et prônent le changement.

« C’est ce que ma grand-mère appelait les trois peines de la femme : le jour de la circoncision, la nuit de noces et la naissance d’un bébé ». – Extrait d’un poème somalien, « Les Trois peines de la femme ».

« Je n’infligerai jamais de mutilations génitales féminines/E à mon enfant si c’est une fille et je lui expliquerai quelles sont les conséquences de cette pratique dès son plus jeune âge. » – Kadiga, Éthiopie

« Dans mon village, il y a une fille plus jeune que moi qui n’a pas été excisée, car j’ai évoqué la question avec ses parents. Je leur ai dit à quel point l’opération m’avait fait mal et traumatisée et comment j’en étais arrivée à ne plus faire confiance à mes propres parents. Ils ont décidé qu’ils voulaient épargner cela à leur fille. » – Meaza, 15 ans

Que signifie l’expression « médicalisation des mutilations génitales féminines » ?

Selon l’OMS, la médicalisation des mutilations génitales féminines signifie que les mutilations sont pratiquées par du personnel de santé (p. ex. agent·e de santé communautaire, infirmière ou médecin), dans un dispensaire public ou privé, à domicile ou ailleurs. Cela comprend également la procédure de réinfibulation à tout moment de la vie d’une femme.

En 2010, une stratégie mondiale interinstitutions conjointe pour empêcher les prestataires de soins de santé de pratiquer les mutilations génitales féminines a été publiée. En 2016, l'OMS a également publié des lignes directrices sur la gestion des complications de santé liées aux mutilations génitales féminines. Cette stratégie reflète le consensus entre les experts internationaux, les entités des Nations Unies et les États membres qu'ils représentent. En outre, l'engagement mondial d'éliminer toutes les formes de mutilations génitales féminines d'ici 2030 est clairement énoncé dans la cible 5.3 des objectifs de développement durable.

Les mutilations génitales féminines pratiquées par du personnel de santé qualifié ne sont-elles pas plus sûres que celles réalisées par une personne sans aucune formation médicale ?

Les mutilations génitales féminines ne sont jamais « sûres ». Même lorsqu’elles sont réalisées dans un environnement stérile par un professionnel de la santé, les interventions peuvent avoir des conséquences immédiates graves sur la santé et durer toute la vie. La médicalisation de cette pratique procure une fausse sensation de sécurité. Toutes les formes de mutilations génitales féminines sont associées à des risques graves, y compris celles qui sont pratiquées par du personnel de santé.

De plus, il n’existe aucune justification médicale à cette pratique. Défendre toute intervention néfaste sur les organes génitaux des femmes et des filles et suggérer que des prestataires de santé doivent en pratiquer est inacceptable d’un point de vue de la santé publique et des droits humains. Les professionnel·le·s de la santé qui pratiquent des mutilations génitales féminines enfreignent le droit des filles et des femmes à la vie, à l’intégrité physique et à la santé. Ils violent également un principe déontologique fondamental de la médecine : « ne pas nuire ».

De plus, la croyance qu'une coupure génitale « mineure » aidera à éviter des formes plus sévères de mutilations génitales féminines n'est pas prouvée. Plusieurs études ont montré que les filles peuvent subir des mutilations génitales féminines à plusieurs reprises lorsque les membres de leur famille ou de leur communauté ne sont pas satisfait·e·s des résultats des procédures antérieures. Il existe également des preuves que les femmes rapportant des formes mineures de mutilations génitales féminines avaient tort d’un point de vue clinique. Une étude au Soudan a révélé que, parmi les femmes qui prétendaient avoir subi un type de mutilation génitale féminine considérée comme « mineure », ou appelée « type sunna », environ un tiers avaient en fait subi une infibulation, et toutes avaient subi l'ablation du clitoris et des petites lèvres.

Lorsque le personnel médical effectue des mutilations génitales féminines, il légitime à tort la pratique comme médicalement saine ou bénéfique pour la santé des filles et des femmes. Et parce que le personnel médical détient souvent pouvoir, autorité et respect dans la société, il a le pouvoir d’institutionnaliser davantage la procédure.

Quelle est l’approche de l’UNFPA en matière de mutilations génitales féminines ?

L’UNFPA est en première ligne des efforts déployés pour éliminer les mutilations génitales féminines, menant des initiatives visant à protéger et à autonomiser les femmes et les filles. En tant que première agence des Nations Unies s’attaquant à cette pratique néfaste, l’UNFPA fournit un appui technique, stratégique et de défense pour renforcer les politiques, améliorer la réponse sanitaire et faire évoluer les normes sociales.

L’expertise technique de l’UNFPA a permis d’augmenter considérablement le nombre d’activités visant à prévenir les mutilations génitales féminines et à prendre en charge les victimes de cette pratique. Le personnel de santé a été formé pour traiter les complications liées aux mutilations génitales féminines, avec notamment l’intégration de la prise en charge relative aux mutilations génitales dans le programme des études de médecine. Des systèmes d’orientation ont été renforcés pour faire le lien entre les initiatives communautaires et les prestataires de santé.

Les cadres juridiques ont également évolué. Plusieurs pays ont adopté de nouvelles lois interdisant les mutilations génitales féminines et élaboré des politiques nationales prévoyant des mesures concrètes pour favoriser l’abandon de la pratique. Des stations de radio ont diffusé des émissions sur les préjudices causés par les mutilations génitales féminines, avec des appels en direct. L’utilisation des médias pour mobiliser l’opinion publique contre cette pratique a contribué à changer les mœurs, et la perception des filles n’ayant pas subi cette pratique.

L’UNFPA et l’UNICEF sont les co-chefs de file du plus grand programme mondial visant à accélérer l’abandon des mutilations génitales féminines et à assurer que les survivantes bénéficient des services de santé, des services sociaux et juridiques adaptés à leurs besoins. Ce programme travaille avec des gouvernements, des organisations non gouvernementales, des réseaux de chefs religieux, des parlementaires, des militant·e·s des droits des jeunes et des droits humains et des groupes locaux afin de :

  • Soutenir le développement de politiques et de lois et d’assurer l’allocation de ressources adaptées à l’élimination des mutilations génitales féminines ;
  • Amplifier les interventions qui renforcent les connaissances collectives sur les dangers des mutilations génitales féminines et défendent leur élimination ;
  • Animer les mouvements des femmes et des filles pour mettre fin à ces pratiques ;
  • Autonomiser les jeunes pour éliminer les mutilations génitales féminines au sin de leurs communautés ;
  • Faire cesser la médicalisation des mutilations génitales féminines grâce à des politiques de santé, au financement d’interventions dans le secteur de la santé, à l’élaboration de connaissances et de compétences chez les prestataires de santé, au renforcement de la surveillance, de l’évaluation et de la responsabilité ainsi qu’à la création de cadres législatifs et réglementaires solides ;
  • Intégrer une réponse aux mutilations génitales féminines dans la santé sexuelle et reproductive, la santé maternelle et infantile et les services de protection de l’enfance, ainsi que dans les nexus humanitaire-développement, des secteurs qui sont des points d’entrée pour l’identification et le soutien de femmes et filles à risque ou qui ont déjà subi cette pratique ;
  • Incorporer des informations générales sur les mutilations génitales féminines dans les formations à la santé, mobiliser les médecins, le personnel infirmier et les sages-femmes dans la prévention et les soins aux survivantes, et autonomiser les prestataires de santé afin qu’ils et elles servent de modèles, de guides et de défenseur·e·s des droits pour éliminer la pratique ;
  • Enfin, établir un centre international de connaissances pour la mesure des normes sociales et la diffusion de bonnes pratiques enregistrées par le Programme conjoint, pour soutenir les décisions politiques et l’élaboration de programmes.

Le Programme conjoint reconnaît que l’élimination des mutilations génitales féminines nécessite que les communautés prennent une décision collective et coordonnée pour ne pénaliser aucune fille ni aucune famille.

Cette approche a donné lieu à des progrès. Les organisations non gouvernementales mettent en œuvre des sessions pédagogiques et de dialogues menées par les communautés sur les droits de la personne et la santé. Ces réseaux aident de plus en plus de communautés à déclarer leur abandon des mutilations génitales féminines. Un changement s’est produit chez les leaders religieux, dont beaucoup sont passé·e·s d’une défense de la pratique à sa condamnation claire. Un nombre croissant de déclarations publiques affirment l’absence de lien entre les mutilations génitales et la religion et soutiennent l’abandon de la pratique.

Quels sont les pays qui disposent d’une loi interdisant les mutilations génitales féminines ?

Selon l’édition 2021 du « Compendium of International and National Legal Frameworks on Female Genital Mutilation » de la Banque mondiale, 84 pays du monde disposent de lois qui interdisent spécifiquement les mutilations génitales féminines ou autorisent des poursuites judiciaires par le biais d’autres lois telles que le Code pénal, les lois de protection de l’enfance, les lois relatives à la violence à l’égard des femmes ou celles sur les violences domestiques.

Afrique : Algérie (2015) ; Bénin (2003) ; Burkina Faso (1996) ; Cameroun (2016) ; République centrafricaine (1996, 2006) ; Tchad (2002) ; Comores (1982); République du Congo (2002) ; Côte d'Ivoire (1998) ; Djibouti (1994, 2009) ; République démocratique du Congo (2006) ; Égypte (2008) ; Érythrée (2007, 2015) ; Éthiopie (2004); Gambie (2015) ; Ghana (1994, 2007) ; Guinée (1965, 2000, 2016) ; Guinée-Bissau (2011) ; Libéria (2018, par décret exécutif d'un an) ; Kenya (2001, 2011) ; Malawi (2000); Mauritanie (2005) ; Mozambique (2014) ; Niger (2003) ; Nigéria (2015) ; Sénégal (1999) ; Sierra Leone (2007) ; Somalie (2001)* ; Afrique du Sud (2005) ; Soudan (2020); Soudan du Sud (2008) ; Tanzanie (1998); Togo (1998); Ouganda (2010) ; Zambie (2005, 2011) ; Zimbabwe (2006).

Autres : Australie (six États sur huit entre 1994 et 2006) ; Autriche (1974, 2002) ; Bahreïn (1976) ; Belgique (2000) ; Brésil (1984) ; Bulgarie (1968) ; Canada (1997) ; Colombie (2006, Résolution n° 001 de 2009 des autorités autochtones) ; Croatie (2013) ; Chypre (2003) ; République tchèque (2009) ; Danemark (2003) ; Estonie (2001) ; Finlande (2013) ; France (1979) ; Hongrie (2012) ; Inde (1860) ; Italie (2006) ; Iran (1991) ; Irak (2011, uniquement applicable au Kurdistan) ; Irlande (2012) ; Koweït (2015) ; Géorgie (2005) ;Allemagne (2013) ; Grèce (1951) ; Lettonie (2005) ; Lituanie (2000) ; Luxembourg (sur les mutilations uniquement, pas spécifiquement sur les mutilations « génitales », 2008) ; Malte (1854) ; Mexique (2020) ; Pays-Bas (1881); Nouvelle-Zélande (1995) ; Norvège (1995) ; Oman (2019) ; Pakistan (1860); Panama (2007) ; Pérou (1991) ; Philippines (1930) ; Pologne (2003) ; Portugal (2007) ; Roumanie (2017) ; Slovaquie (2005) ; Slovénie (2008) ; Espagne (2003) ; Suède (1982, 1998) ; Suisse (2005, 2012) ; Trinité-et-Tobago (2012) ; Royaume-Uni (1985; 2003) ; Royaume-Uni États-Unis (1996).

Les peines encourues varient de six mois d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité. Dans plusieurs pays, la peine prévue comprend également une amende.

*La Constitution somalienne stipule expressément que « l'excision des filles est interdite ». Cependant, aucune législation nationale ne met expressément en œuvre cette disposition constitutionnelle, et il n'existe aucun cas connu où des délits de mutilations génitales féminines ont été poursuivis en vertu de dispositions pénales générales. Le projet de loi sur les mutilations génitales féminines est bloqué dans le processus législatif depuis plusieurs années.

Comment les mutilations génitales féminines sont-elles abordées dans le Programme d’action de la CIPD ?

Le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) reconnaît que la violence contre les femmes est un phénomène très répandu. Il affirme : « Dans un certain nombre de pays, des pratiques nocives visant à réprimer la sexualité féminine sont la cause de souffrances aiguës. Parmi ces pratiques figure celle des mutilations génitales féminines qui sont une violation des droits fondamentaux des femmes et constituent un risque majeur et permanent pour leur santé », (paragraphe 7.35).

Le Programme d’action demande aux « gouvernements et [aux] communautés [de] prendre d’urgence des mesures pour mettre un terme à la pratique des mutilations génitales féminines et pour protéger les femmes et les filles contre toutes pratiques similaires dangereuses et injustifiées. Pour éliminer cette pratique, il faudra notamment lancer de vastes programmes de sensibilisation au niveau des communautés, avec la participation des chefs de village et des chefs religieux, des programmes d’éducation et d’orientation sur les répercussions qu’ont ces pratiques sur la santé des filles et des femmes, et dispenser des traitements et une rééducation post-traumatique pour les filles et les femmes victimes de mutilation. Il faudrait notamment des services de sensibilisation destinés aux femmes et aux hommes pour décourager cette pratique », (paragraphe 7.40).

Le chapitre IV, paragraphe 4.4 stipule que « Les pays devraient entreprendre de promouvoir les femmes et d’éliminer les inégalités entre hommes et femmes le plus rapidement possible : en éliminant les pratiques discriminatoires à l’égard des femmes ; en aidant les femmes à faire valoir et à exercer leurs droits notamment dans le domaine de la santé en matière de reproduction et de sexualité ». Le paragraphe 4.9 stipule quant à lui que « Les pays devraient prendre toutes les mesures pour éliminer toutes les formes d’exploitation, de sévices, de harcèlement et de violence contre les femmes, les adolescentes et les enfants (...) ».

Quelles sont les lois internationales et régionales qui peuvent être invoquées pour l’élimination des mutilations génitales féminines ?

La plupart des pays dans lesquels les mutilations génitales féminines sont pratiquées ont ratifié des conventions et des déclarations internationales contenant des dispositions relatives à la promotion et à la protection de la santé des femmes et des filles. Par exemple :

1948

La Déclaration universelle des droits de l’homme proclame le droit de toute personne à vivre dans des conditions lui permettant d’assurer sa santé et d’accéder à des soins médicaux (article 25). Adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme contient cinq articles servant de base à la condamnation des mutilations génitales féminines : l’article 2 sur les discriminations, l’article 3 sur le droit de tout individu à la sécurité de sa personne, l’article 5 sur les traitements cruels, inhumains ou dégradants, l’article 12 sur le respect de la vie privée, et l’article 25 sur le droit à un niveau de vie suffisant (y compris pour accéder à des soins médicaux adéquats) et la protection de la maternité.

1951

La Convention relative au statut des réfugiés définit qui sont les réfugiés, quels sont leurs droits et quelles sont les obligations légales des États. Les personnes fuyant leur pays pour échapper aux mutilations génitales féminines sont éligibles au statut de réfugié.

1966

Les Pactes internationaux relatifs aux droits civils et politiques et aux droits économiques, sociaux et culturels condamnent les discriminations fondées sur le sexe et reconnaissent le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre (article 12).

1979

La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes demande à tous les États parties de s’engager à « prendre toutes mesures appropriées pour éliminer la discrimination pratiquée à l’égard des femmes par une personne, une organisation ou une entreprise quelconque » (article 2f) et pour « modifier les schémas et modèles de comportement socioculturel de l’homme et de la femme en vue de parvenir à l’élimination des préjugés et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondés sur l’idée de l’infériorité ou de la supériorité de l’un ou l’autre sexe » (article 5a).

Dans sa recommandation générale n° 24, formulée en 1999, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes souligne que certaines pratiques culturelles et traditionnelles, telles que les mutilations génitales féminines, entraînent un risque élevé de décès ou d’invalidité des victimes et recommande aux États parties de promulguer des lois interdisant les mutilations génitales féminines.

Dans sa recommandation générale n° 14 de 1990, le Comité recommande aux États parties de prendre des mesures appropriées et efficaces aux fin d’abolir la pratique de l’excision, en recueillant et en diffusant des données de base concernant les pratiques traditionnelles, en soutenant les organisations féminines qui œuvrent en vue de l’élimination des pratiques nuisibles, en encourageant le personnel politique, les membres des professions libérales, les dirigeants religieux et communautaires à coopérer et à faire jouer leur influence pour changer les attitudes et en introduisant des programmes d’éducation et de formation adéquats ; d’inclure dans leurs politiques nationales de santé des stratégies visant l’abolition de la pratique de l’excision ; de solliciter l’assistance, les informations et les conseils des organismes compétents des Nations Unies ; et enfin d’inclure dans les rapports qu’ils soumettent au Comité au titre des articles 10 et 12 de la Convention, des renseignements concernant les mesures prises pour éliminer l’excision.

1984

La Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants a été adoptée et ouverte à la signature, à la ratification et à l’adhésion par l’Assemblée générale dans sa résolution 39/46 (entrée en vigueur en 1990). Le Comité contre la torture indique clairement dans son Observation générale n° 2 que les mutilations génitales féminines relèvent de sa compétence. Les Rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur la violence contre les femmes et sur la torture reconnaissent tous deux que les mutilations génitales féminines peuvent être assimilées à une forme de torture en vertu de la Convention.

1989

La Convention relative aux droits de l’enfant protège les enfants contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales (article 19.1) ; demande de veiller à ce que nul enfant ne soit soumis à la torture ni à des traitements cruels, inhumains ou dégradants (article 37a) ; et appelle les États à prendre toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants (article 24.3).

1993

La Déclaration et le Programme d’action de Vienne adoptés par la Conférence mondiale sur les droits de l’homme a élargi la portée du programme international en matière de droits de l’homme en y incluant la violence sexiste, et notamment les mutilations génitales féminines.

1994

Le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement demande aux gouvernements « de prendre d’urgence des mesures pour mettre un terme à la pratique des mutilations sexuelles féminines et pour protéger les femmes et les filles contre toutes pratiques similaires dangereuses et injustifiées ».

1995

Le Programme d’action de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes exhorte les gouvernements, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales à élaborer des politiques et des programmes en vue d’éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des filles, et notamment les mutilations génitales féminines.

1996

L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution sur les filles (A/RES/51/76), reconnaissant les mutilations génitales féminines comme une forme de « discrimination à l'égard des filles et de violation des droits des filles ».

1997

La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples met en avant les droits fondamentaux. L’article 4 met l’accent sur l’intégrité de la personne, l’article 5 sur la dignité humaine et la protection contre l’avilissement, l’article 16 sur le droit à la santé, et l’article 18 (3) sur la protection des droits de la femme et de l’enfant.

1998

La Déclaration d’Addis-Abeba sur la violence contre les femmes marque une étape importante vers la formulation d’une charte africaine sur la violence contre les femmes, en fournissant un cadre pour l’adoption de lois nationales contre les mutilations génitales féminines. Cette déclaration a été adoptée par l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) lors de la soixante-huitième session du Conseil des ministres en juillet 1998. Elle sera par la suite approuvée par l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement.

La Déclaration de Banjul condamne fermement la pratique des mutilations génitales féminines et demande leur élimination.

1999

La Commission sociale, humanitaire et culturelle de l’Assemblée générale des Nations-Unies a approuvé une résolution qui appelle les États à mettre en œuvre des législations et des politiques nationales interdisant les pratiques traditionnelles et coutumières préjudiciables à la santé des femmes et des filles, y compris les mutilations génitales féminines.

La Déclaration de Ouagadougou de l’Atelier régional sur la lutte contre la pratique des mutilations génitales féminines appelle à la création de réseaux et de mécanismes en vue de lutter contre les mutilations génitales féminines.

Les Principales mesures pour la poursuite de l’application du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement appellent les gouvernements à promouvoir les droits humains des femmes et des filles et à veiller à ce qu’elles ne soient pas exposées à la coercition, à la discrimination et à la violence, y compris à des pratiques nocives. Les gouvernements sont également appelés à s’assurer que les prestataires de santé aient les connaissances et la formation requises pour prendre en charge les patientes qui ont subi des pratiques dangereuses.

2000

Les Nouvelles mesures et initiatives pour la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing prennent acte des progrès réalisés au niveau national pour interdire les mutilations génitales féminines tout en soulignant que certaines attitudes et normes discriminatoires continuent d’exposer les filles et les femmes aux risques de violence sexiste, y compris aux mutilations génitales féminines. Le texte appelle les gouvernements à combattre et éliminer la violence contre les femmes.

2001

Le Parlement européen a adopté une résolution sur les mutilations génitales féminines appelant à prendre des mesures pour protéger les survivantes de cette pratique et demandant aux États membres de reconnaitre le droit d’asile aux femmes et aux filles risquant de subir des mutilations génitales.

2003

Le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique, mieux connu sous le nom de Protocole de Maputo, appelle à l’« élimination des pratiques néfastes ».

2007

L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution sur les filles (A/RES/62/140) déclarant qu'elle était "profondément préoccupée... par le fait que les mutilations génitales féminines sont une pratique néfaste irréparable et irréversible".

2010

La Commission de la condition de la femme a adopté la Résolution 54/7 visant à mettre fin aux mutilations génitales féminines.

2011

L’Union africaine a adopté une décision (Assembly/AU/Dec.383(XVII)) reconnaissant que « les mutilations génitales féminines sont une violation flagrante des droits fondamentaux des femmes et des filles, avec de graves répercussions sur la vie de millions de personnes dans le monde entier, en particulier des femmes et des fillettes en Afrique ».

La cinquante-sixième session de la Commission de la condition de la femme a approuvé un projet de décision intitulé « Mettre fin aux mutilations génitales féminines » (E/CN.6/2012/L.1). Le Secrétaire général a publié un rapport intitulé « Mettre fin aux mutilations génitales féminines », qui fait le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 54/7 adoptée en 2010 par la Commission de la condition de la femme.

L’assemblée mondiale de la santé a adopté la Résolution WHA61.16 et le Rapport de situation 2011 (A64/26), qui font tous deux référence aux mutilations génitales féminines.

2012

Le 14 juin, le Parlement européen a adopté une Résolution sur l’élimination des mutilations génitales féminines.

Le rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les filles accordait également une attention particulière aux mutilations génitales féminines (A/64/315, 2009 et A/66/257, 2012).

L’Assemblée générale des Nations Unies a également adopté une résolution appelant à l’« Intensification de l’action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminines ».

2014

Le Conseil des droits de l’homme a adopté une résolution appelant à l’« Intensification de l’action mondiale et du partage des bonnes pratiques visant à éliminer les mutilations génitales féminines ».

2015

Les mutilations génitales féminines sont incluses dans les objectifs de développement durable (ODD) sous la cible 5.3, « Éliminer toutes les pratiques néfastes, telles que les mariages d'enfants, précoces et forcés et les mutilations génitales féminines ».

L’Union africaine a également développé des cadres législatifs continentaux dédiés à cette question. La Commission de l’Union africaine a aligné les aspirations de son Programme 2063 sur la priorité suivante : l’élimination de la violence et de la discrimination à l’égard des femmes et des filles, avec des objectifs clairs pour « éliminer toutes les normes sociales et coutumes néfastes pour les femmes et les filles ainsi que celles qui promeuvent la violence et la discrimination contre les femmes et les filles, d’ici 2025 ». Les décisions et forums qui en ont découlé sont les suivants.

2018

Première Conférence sur l’élimination des mutilations génitales féminines à Ouagadougou, au Burkina Faso.

2019

Déclaration et Plan d’action transfrontalier pour l’élimination des mutilations génitales féminines, adoptée lors d’une réunion inaugurale interministérielle régionale en 2019. Cette réunion, qui a été la première de ce genre dans l’histoire des efforts internationaux pour l’éradication des mutilations génitales féminines, a réaffirmé la nécessité de partenariats solides à tous les niveaux pour une élimination efficace.

2019

Décision de l’assemblée de l’Union africaine pour l’élimination des mutilations génitales féminines. Elle soutient et lance la mise en œuvre de l’initiative Saleema pour l’élimination des mutilations génitales féminines sur le continent.

2020

33e session ordinaire de suivi de l’assemblée de l’Union. Les partipant·e·s réaffirment leur engagement pour l’application des recommandations du rapport du Champion de l’Union africaine pour l’élimination des mutilations génitales féminines.

44e session du Conseil des droits de l’homme : adoption de la résolution 44/16 sur l’élimination des mutilations génitales féminines.

Initiative Saleema des ambassadeurs victorieux de la jeunesse (SYVA) : adoptée et lancée par la décision 737/ 2019 de l’assemblée de l’UA.

2021-2023 : Programme régional pour l’Afrique de l’initiative Spotlight. Ce programme a été mis en œuvre par l’Union africaine, avec le soutien technique des Nations Unies et le soutien financier de l’Union européenne.

2022

Cadre de responsabilité de l’Union africaine sur les pratiques néfastes : les cadres de responsabilité visent à garantir l’efficacité des mesures et du suivi des performances pour surveiller les avancées des États membres de l’Union africaine dans le cadre des efforts d’élimination des pratiques néfastes. Ils encouragent l’utilisation de données et de preuves à des fins d’évaluations régulières en Afrique, favorisent l’implication d’acteurs non étatiques (par exemple, la société civile), et renforcent la responsabilisation. Cela passe notamment par une collaboration avec les organismes des droits de la personne, dans le cadre de laquelle les parties étatiques rendent compte de leurs actions et de leurs progrès.

2023

Deuxième conférence internationale de l’Union africaine sur l’élimination des mutilations génitales féminines, à Dar es Salaam en Tanzanie.

Commentaire général conjoint sur l’élimination des mutilations génitales féminines par le Comité africain d’expert·e·s sur le bien-être et les droits de l’enfant, et la Commission africaine des droits humains et de la personne.


Références

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Enquêtes en grappe à indicateurs multiples.

Mise à jour : 5 février 2025

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