GOMA, République démocratique du Congo/NEW YORK, Nations Unies – « Pour guérir de nos blessures de guerre, nous devons nous protéger et non faire souffrir les autres de la même manière. » Voici les mots de Sarah Kyabu Ntambwe, militante pour la paix et les droits des femmes dans son pays natal, la République démocratique du Congo.
Sarah est née seulement quelques mois avant que le conflit dévastateur n'éclate, marquant le début de décennies de troubles. Mais rien de tout cela ne l'a freinée: à 19 ans, elle a démarré sa carrière d'animatrice télévisuelle et de militante pour les jeunes. Elle a fondé Change Your World, un groupe luttant pour les droits de la personne et les droits civiques, et a lancé des programmes pour offrir des formations professionnelles et d'autres formes d'assistance aux enfants victimes de la guerre et d'abandon.
Ces deux projets comptent parmi les nombreuses initiatives qu'elle a par la suite développées, certaines soutenues par l'UNFPA, l'agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive. Les programmes de Sarah visaient à faire progresser les aptitudes des femmes et des filles à diriger, à réunir les familles et à informer les adolescent·e·s de leur droit à ne subir ni violence ni exploitation sexuelle.
« Ces enfants portent souvent une douleur profonde qui peut malencontreusement faciliter la transmission de la violence de génération en génération, alimentant ainsi le cycle du conflit », explique-t-elle. « Mon travail consiste à briser ce cycle en aidant les victimes à puiser dans leur douleur le courage dont elles ont besoin pour susciter des changements positifs et protéger les futures générations. »
Aujourd'hui, alors qu'elle approche de son 30e anniversaire, elle peut se remémorer les centaines de milliers de personnes qui ont été aidées grâce aux organisations et aux initiatives qu'elle a créées.
Voilà la promesse rendue possible par l'autonomisation des jeunes.
La jeunesse aux commandes
Notre monde est le foyer de la plus grande génération de jeunes de l'histoire : 1,8 milliard, dont 90 % vivent dans les pays en développement. Malgré l'augmentation des chiffres, les jeunes sont souvent exclu·e·s des espaces dans lesquelles les décisions concernant leur future sont prises.
L'UNFPA et ses partenaires œuvrent pour changer la situation.
En 2018, Youth2030, la stratégie Jeunesse des Nations Unies, a été lancée pour améliorer la façon dont les Nations Unies travaillent avec les jeunes afin de renforcer son engagement auprès des jeunes et de bénéficier de leur créativité et de leurs perspectives et idées. Depuis lors, l'UNFPA a développé ses partenariats avec des militant·e·s pour la jeunesse et des organisations dirigées par les jeunes.
En 2024, l'UNFPA a organisé le Dialogue mondial des jeunes pour la CIPD30 à Cotonou, au Bénin. L'événement a rassemblé plus de 400 délégué·e·s de 130 pays pour engager directement la conversation avec les États membres et appeler à des actions décisives pour résoudre les problèmes qui préoccupent le plus les jeunes: la santé sexuelle et reproductive, la résilience face à la crise et la participation des jeunes dans les processus décisionnels.
Pour Mohammed Yakuba, militant pour la jeunesse venu du Ghana, l'événement a constitué « une occasion unique ». « On donne rarement aux jeunes la possibilité de prendre part aux processus de prise de décision. »
De ce dialogue est né le Programme d'action de Cotonou pour la jeunesse, un instrument de mobilisation géré par les jeunes qui commence d'ores et déjà à orienter la politique mondiale ; lors du Sommet de l'avenir, les activistes de la jeunesse ont eu recours au document et ont ainsi réussi à faire pression en faveur de l'inclusion de la santé sexuelle et reproductive dans le chapitre sur la jeunesse du Pacte pour l'avenir.
Travailler ensemble
« L'approche de l'UNFPA est profonde et soutenue depuis des années, c'est ce qui la distingue vraiment », affirme Lucy Fagan, Responsable de la politique sociale pour l'organisation de jeunes Major Group for Children and Youth qui milite pour la représentation des jeunes dans les processus intergouvernementaux.
« Il existe depuis toujours un sentiment d'alliance inclusive, déjà présente à l'époque où très peu d'organisations s'intéressaient à l'engagement en faveur des jeunes. »
Un rapport de l'ONU récemment publié, intitulé Youth2030 Global Progress Report, désigne l'UNFPA et le PNUD comme les agences de l'ONU les plus efficaces pour faire avancer la stratégie Jeunesse 2030.
Selon Rewan Youssif, analyste des programmes à l'UNFPA, cette reconnaissance fait honneur aux jeunes en personne.
« Il s'agit d'être un allié de confiance, de respecter l'expertise des jeunes, de mettre des ressources à disposition et de leur donner l'espace pour inspirer le changement », détaille-t-elle.
Elle est également le fruit du soutien financier aux programmes en faveur de la jeunesse apporté par les gouvernements du Canada, du Danemark, de l'Italie, des Pays-Bas, de la Slovénie et de la Suisse.
Alors que la stratégie Jeunesse 2030 entre dans sa deuxième phase, il sera essentiel de préserver la place des jeunes au cœur du système des Nations Unies. Il importera tout autant de changer les mentalités des décisionnaires, pour ne plus travailler au nom de la jeunesse, mais main dans la main avec elle.
