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Au Paraguay, l’infirmière Mariel Díaz assure des soins de santé respectueux de la culture des communautés autochtones

Une femme portant une veste en jean tient un casque de moto au-dessus de sa tête.
Mariel Díaz Flores se déplace à moto pour aller à la rencontre des femmes de sa communauté et leur prodiguer des soins de santé. Le manque de routes dans la région peut compliquer l’accès des femmes qui y vivent aux services de santé. © UNFPA Paraguay/TKP.
  • 08 Août 2025

LAGUNA NEGRA, Paraguay – Mariel Díaz Flores, une infirmière de 37 ans, parcourait régulièrement plus de 70 kilomètres à moto pour terminer ses études, tout en travaillant à temps plein et en s’occupant de ses trois fils.

Mais son dévouement a payé : son diplôme d’infirmière en poche, Mme Flores travaille au centre de santé familial Canaán, au sein de la communauté autochtone Guaraní Ñandeva à Laguna Negra, dans la région faiblement peuplée de Chaco. La communauté est située dans le département de Boquerón, à plus de 500 kilomètres de la capitale du pays Asunción et tout près de la frontière bolivienne.

Mme Flores appartient à la communauté Guaraní Occidental, qui fait partie des 19 peuples autochtones vivant au Paraguay. Sa propre expérience lui a appris l’importance d’avoir accès à la santé sexuelle et reproductive.

« Grâce à la planification familiale, mon mari et moi avons pu espacer la naissance de nos enfants. Cela m’a permis de terminer mes études », déclare-t-elle à l’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive. 

Bien qu’elle se sente chanceuse d’avoir eu accès à des soins de santé de qualité, elle a conscience que la réalité est bien différente pour de nombreuses femmes issues des communautés autochtones, bien souvent confrontées à des obstacles dus au racisme, à la discrimination et à l’intolérance qu’elles subissent lorsqu’elles cherchent à se faire soigner. 

La communication est un outil

Une main tient une plaquette de pilules contraceptives au-dessus d’une table sur laquelle sont posées des brochures imprimées.
Mariel utilise ses compétences linguistiques en guaraní pour assurer des services de santé reproductive et sexuelle adaptés aux besoins des femmes dans la région paraguayenne du Chaco. © UNFPA Paraguay/Pedro Ferreira.

Alors que la population autochtone du Paraguay représente un peu plus de 2 % de la population totale, le taux de mortalité maternelle y est plus de quatre fois supérieur à celui des femmes non autochtones. Les besoins non satisfaits de planification familiale chez les femmes autochtones s’élèvent à 20 %, soit deux fois la moyenne nationale.

Et bien que des progrès aient été réalisés pour réduire les taux de grossesse adolescente, qui ont chuté de 26 % chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans entre 2016 et 2020, les données désagrégées révèlent que les taux chez les adolescentes autochtones sont en réalité en hausse : le taux des accouchements chez les adolescentes autochtones est désormais le double de la moyenne nationale.

Bon nombre de ces défis trouvent leur origine dans les obstacles culturels auxquels sont confrontées les communautés autochtones lorsqu’elles essaient d’avoir accès à des informations et à des soins de santé de qualité.

Pour Mme Flores, pouvoir communiquer avec les femmes et les filles de sa communauté n’est que la première étape. Bilingue, elle parle guaraní et espagnol et s’entretient avec les femmes dans leur propre langue pour aborder des sujets tels que la planification familiale et leur fournir des informations de façon familière et respectueuse de leur culture.

« J’ai une conversation avec chaque femme pour l’informer des méthodes de contraception disponibles, j’essaie de créer une relation de confiance », explique-t-elle à l’UNFPA. « Ce n’est pas un sujet facile à aborder à cause de la peur générée par la désinformation. »

Pour répondre au besoin d’informations médicales adaptées au contexte culturel, l’UNFPA a formé un partenariat avec le ministère de la Santé publique du Paraguay pour former le personnel et renforcer les outils de communication dans la région. En 2024, l’UNFPA a financé la formation de plus de 1 000 médecins et gynécologues en soins de santé sexuelle et reproductive et en planification familiale.

« Partager ma propre expérience avec mes patientes aide à briser de nombreux mythes autour de la contraception », affirme-t-elle.

Trouver un moyen

Une femme portant une veste en jean tient un casque de moto au-dessus de sa tête.
Mariel Díaz Flores se déplace à moto pour aller à la rencontre des femmes de sa communauté et leur prodiguer des soins de santé. Le manque de routes dans la région peut compliquer l’accès des femmes qui y vivent aux services de santé. © UNFPA Paraguay/TKP.

L’autre obstacle auquel font face les communautés autochtones au Paraguay est la géographie : le département de Boquerón est situé dans le Chaco paraguayen, une région semi-aride et isolée qui subit souvent des épisodes de sécheresse, de graves inondations et de fortes températures. La majorité des peuples autochtones du Paraguay y vivent, mais ces communautés pâtissent du manque de routes et d’infrastructures essentielles pour accéder aux services de soins de santé.

« Les femmes enceintes ne bénéficient pas toutes de consultation, car elles sont confrontées à des difficultés comme la distance, le manque de transports en commun et le manque d’informations », explique Mme Flores à l’UNFPA.

Mais le personnel de santé fait toute la différence. Entre les premiers trimestres de 2023 et 2024, le nombre de femmes ayant eu recours à des contraceptifs dans le département de Boquerón a augmenté de 60 %. Cette utilisation peut être expliquée en partie par les nouvelles méthodes à leur disposition : l’UNFPA a financé l’introduction d’implants contraceptifs et d’autres méthodes contraceptives réversibles à action prolongée dans les services de santé du Chaco paraguayen pour la première fois.

« Une femme enceinte a besoin de beaucoup de soins, et lorsque le bébé naît, il faut s’en occuper, l’allaiter, le nourrir », déclare Mme Flores. « C’est pourquoi j’ai utilisé une contraception temporaire jusqu’à avoir le nombre d’enfants que je voulais. »

Avec le soutien de l’UNFPA, Mme Flores et les autres membres autochtones du personnel de santé font le lien avec les communautés qui ont le plus besoin d’aide. Elle est fière de son travail et entend continuer à accompagner les femmes qui viennent la voir pour leur permettre d’exercer leurs droits, comme elle a eu la possibilité de le faire.

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