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« Je ne veux pas être surprise par une autre grossesse » : les possibilités de contraception offrent aux jeunes de Côte d’Ivoire un avenir plus juste

calendar_today23 Septembre 2025

Une jeune femme en T-shirt sombre et en jupe colorée à motif s’éloigne de l’objectif, un bébé attaché sur son dos et portant un grand sac blanc
Dans le département de Bouaké, en Côte d’Ivoire, Thérèse Kouadio avait déjà connu deux grossesses précoces très rapprochées, avant même d’avoir 18 ans.

DÉPARTEMENT DE BOUAKÉ, Côte d’Ivoire – Thérèse Kouadio, 18 ans, est la plus jeune d’une fratrie de cinq enfants du quartier de N'Gattakro, dans le département ivoirien central de Bouaké. 

Élevée par sa grand-mère, elle a quitté l’école à seulement 14 ans pour un emploi de femme de ménage dans la capitale, à Abidjan, afin d’aider la famille à payer ses factures. Mais avant même d’avoir 18 ans, elle avait déjà vécu deux grossesses rapprochées.

« J’ai mis mes deux enfants au monde par césarienne à l’hôpital universitaire de Bouaké », raconte-t-elle à l’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive. 

« La première, en 2023, était une fille qui a plus d’un an maintenant, puis j’ai eu mon fils en octobre 2024. Quand j’ai eu à accoucher de mon premier enfant, je voulais utiliser une contraception mais je n’ai pas su me décider. Lorsque j’ai consulté une sage-femme, elle m’a dit d’attendre mes prochaines règles. »

La planification familiale permet aux femmes d’espacer leurs grossesses et de ne pas tomber enceintes si elles n’en ont pas l’intention, en particulier lorsqu’elles sont encore enfants. 

« Je n’ai cependant pas eu mes règles du tout », poursuit Mme Kouadio. « Puis j’ai senti quelque chose bouger dans mon ventre, et c’est là que je suis allée à l’hôpital et que j’ai découvert que j’étais enceinte de six mois. » 

Adapter l’éducation à la sexualité aux besoins réels

Alertée par son médecin sur les dangers des grossesses précoces et rapprochées, Mme Kouadio a cherché une solution de contraception. Elle a appris que les Services de Santé Scolaire et Universitaire pour Adolescents et Jeunes, appelés généralement services de santé scolaire, proposaient plusieurs options gratuites et adaptées aux jeunes, et ce sans qu’il soit nécessaire d’être scolarisé·e.

 « Je n’ai pas eu mes règles du tout. Puis j’ai senti quelque chose bouger dans mon ventre. »

« J’en avais entendu parler, mais je ne m’y étais jamais rendue. C’est une femme du voisinage qui m’a conseillé de me rendre à la clinique scolaire pour des moyens de contraception, et m’a indiqué que c’était gratuit. Je ne veux pas être surprise par une autre grossesse, donc je suis rapidement venue me faire poser l’implant. »

Une jeune femme vêtue d’un T-shirt gris foncé est assiste au bord d’un lit d’hôpital, tenant un bébé qui porte un bonnet
Thérèse Kouadio, 18 ans, tient son deuxième bébé contre elle dans un centre du programme Service de Santé Scolaire et Universitaire-Santé Adolescents et Jeunes. © UNFPA Côte d'Ivoire/Ollivier Girard

L’UNFPA soutient l’initiative des services de santé scolaire afin d’élargir l’accès aux soins de santé sexuelle et reproductive pour les jeunes et les adolescent·e·s. Le centre dans lequel s’est rendue Mme Kouadio fait partie des 98 centres de santé scolaire et des 135 infirmeries de lycée appartenant au programme. Ensemble, ils proposent des programmes de promotion et de prévention, des sessions d’écoute et de discussion dans des espaces sûrs et des clubs de jeunes, ainsi qu’une application qui donne les informations et les conseils en matière de santé sexuelle et reproductive.

Des bilans médicaux réguliers et une planification familiale gratuite sont aussi proposés, ainsi que des consultations, des soins médicaux pour les jeunes mères et une aide pour les personnes vivant avec le VIH/sida. 

Ces services sont fournis dans des établissements de santé permanents mais aussi via des consultations mobiles, dans le but d’être au plus près des jeunes. Cet aspect est fondamental car les enquêtes montrent que les jeunes filles ne savent généralement pas comment ni où solliciter les services de santé qui leur sont dédiés. Selon les données les plus récentes, près d’un quart des adolescentes de Côte d’Ivoire tombent enceintes avant leurs 19 ans, des taux qui sont deux fois plus élevés en zones rurales qu’en zones urbaines. 

Les grossesses précoces et non intentionnelles ne sont que l’une des multiples conséquences du manque d’informations et de soins de santé sexuelle et reproductive. Parmi les autres se trouvent notamment les avortements non sécurisés et les infections sexuellement transmissibles, qui peuvent tous causer des problèmes de santé à long terme voire provoquer la mort.

Traiter les jeunes avec dignité et respect

« Notre mission est de proposer un accueil et des solutions sans aucun jugement, afin d’aider les jeunes à retrouver confiance en elles et en eux », déclare la Dr Aoura, médecin-cheffe adjointe du service de santé scolaire du quartier Commerce, à Bouaké.

Deux agentes de santé en blouses rose pâle s’occupent d’une jeune femme allongée sur un lit d’hôpital, tenant un bébé sur sa poitrine
Mme Kouadio se fait poser un implant contraceptif, son deuxième bébé endormi sur sa poitrine. © UNFPA Côte d'Ivoire/Ollivier Girard

C’est ce type de soins dont a bénéficié Mme Kouadio : elle a été accueillie par Sylvie Yébouet, une sage-femme, qui lui a expliqué les différentes méthodes de contraception disponibles. Une fois son choix fait, un implant contraceptif longue durée, Mme Yébouet lui a posé le dispositif dans le bras.

« Ce n’est pas comme dans les hôpitaux où je suis allée quand j’étais enceinte. La sage-femme était gentille, elle ne m’a pas parlé avec mépris, elle ne m’a pas crié dessus, elle m’a conseillée et a pris soin de moi », déclare Mme Kouadio, ajoutant qu’elle recommandera le centre de santé à d’autres jeunes.

Garantir le pouvoir d’action en matière reproductive pour les femmes et les filles exige que l’accès à des services de santé reproductive de qualité, notamment une contraception adaptée et abordable, soit possible. 

On estime malheureusement que près de 257 millions de femmes dans le monde souhaitent éviter une grossesse mais n’utilisent pas de moyens de planification familiale sûrs et efficaces, que ce soit parce qu’elles n’ont pas accès aux services et à l’information nécessaires, ou parce que leurs partenaires et leurs communautés s’y opposent. 

L’UNFPA travaille en étroite collaboration avec le gouvernement de Côte d’Ivoire pour faire en sorte que les adolescent·e·s et les jeunes puissent bénéficier des services dont ils et elles ont besoin pour réaliser leur potentiel. Ainsi, Mme Kouadio a pu trouver des emplois ici et là qui lui permettent de payer des cours du soir, et se destine à devenir aide-soignante.

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