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Explications : non, les contraceptifs ne causent pas d’avortements
- 11 Août 2025
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NATIONS UNIES, New York/COMTÉ DE NAROK, Kenya – La désinformation autour de la contraception tue.
Demandez à Evaline Chepkemol, une mère de trois enfants dans le comté rural de Narok, dont le taux de mortalité maternelle figure parmi les plus élevés du pays. Mme Chepkemol a rencontré de nombreuses femmes de sa communauté qui craignent les contraceptifs.
« Elles pensent qu’en insérant [un dispositif] de planification familiale, soit on perd son bébé, soit on ne peut plus jamais mettre d’enfant au monde », explique-t-elle à l’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive. « Elles disaient qu’utiliser la planification familiale empêchait d’accoucher, car elle ferait disparaître l’enfant », précise-t-elle.
Fort heureusement, Evaline a reçu des informations factuelles à l’hôpital du sous-comté d’Ololulung’a, soutenu par l’UNFPA. Grâce à la contraception, elle a pu espacer ses accouchements. « En général, j’utilise un dispositif de planification familiale qui dure cinq ans. Mais au bout de deux, je l’ai retiré pour tomber enceinte. Après mon accouchement, je l’ai remis, car il m’est très utile. »
Mais aujourd’hui, alors que le gel mondial de financement perturbe la disponibilité des contraceptifs dans des régions comme le Kenya, les systèmes de santé se préparent aux conséquences inévitables : hausse des grossesses non planifiées, accouchements dangereux et décès maternels.
Parmi les principaux donateurs, le soutien décline en partie à cause de la prolifération de la désinformation, notamment du mythe selon lequel les contraceptifs peuvent provoquer une fausse couche.
Cette affirmation est catégoriquement fausse. Découvrez ci-dessous quatre raisons qui expliquent clairement pourquoi les moyens de contraception n’induisent pas d’avortement et ne causent pas de fausses couches.
1- La contraception prévient les grossesses.
Par définition, la contraception prévient les grossesses, qu’il s’agisse d’un traitement médical, d’un dispositif, d’une procédure chirurgicale ou de comportements.
Les méthodes les plus connues sont sûrement les contraceptifs oraux (« la pilule »), les contraceptifs injectables, et les préservatifs masculins et féminins. La vasectomie, la ligature des trompes et même les comportements comme l’aménorrhée de lactation (ou l’absence d’ovulation pendant l’allaitement) constituent également des méthodes contraceptives reconnues par l’UNFPA et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Chacune d’entre elles fonctionne de la même façon : elle empêche la rencontre entre les spermatozoïdes et l’ovule.
Les contraceptifs hormonaux préviennent la libération des ovules par les ovaires (ovulation), bloquent les spermatozoïdes en épaississant la muqueuse cervicale, ou les deux à la fois. Les contraceptifs non hormonaux (comme la ligature des trompes, la vasectomie et les préservatifs) créent une barrière entre les spermatozoïdes et l’ovule. D’après l’OMS, dans le cas d’un DIU en cuivre, les ions en cuivre affectent le mouvement des spermatozoïdes, les empêchant de manière efficace de fertiliser un ovule.
Bien qu’aucune méthode de contraception ne soit parfaite, les options modernes, comme les méthodes hormonales et les préservatifs, sont bien plus efficaces que les méthodes traditionnelles comme le retrait.
De ce fait, la contraception est une mesure préventive qui n’inclut pas d’avortement ni de médicaments, de procédures ou de comportements pouvant causer un avortement (moyens abortifs). En outre, la contraception ne modifie en rien la capacité future d’une personne à tomber enceinte ou à avoir des enfants.
2. Même utilisée après un rapport sexuel, la contraception peut éviter une grossesse.
Les pilules contraceptives d’urgence constituent une forme de contraceptif oral qu’une femme peut prendre rapidement après avoir eu un rapport sexuel non protégé, généralement dans un délai de 72 à 120 heures. Selon l’OMS, ces médicaments fonctionnent en retardant ou en empêchant l’ovulation.
Malheureusement, de nombreuses personnes partent du principe que la contraception d’urgence perturbe une grossesse en cours, probablement à cause de l’idée reçue selon laquelle les grossesses se produisent lors des rapports sexuels. En réalité, la rencontre entre un spermatozoïde et un ovule peut prendre plusieurs jours, et comme la contraception d’urgence empêche l’ovulation, elle empêche une nouvelle grossesse, sans mettre un terme à la grossesse en cours.
Les pilules contraceptives d’urgence sont d’autant plus critiques pour les survivantes d’agressions sexuelles, ainsi que pour les femmes dont le choix d’utiliser des contraceptifs peut être sapé, contrôlé ou hors de leur portée, comme les survivantes de violences conjugales, de trafic sexuel ou d’autres formes de privation d’autonomie.
3- La contraception ne peut pas être utilisée pour induire un avortement.
Même si un contraceptif est utilisé après le début de la grossesse, il ne causera pas pour autant d’avortement.
En réalité, les formes modernes de contraception faisant partie des médicaments disponibles les plus couramment prescrits et étudiés, il existe de nombreuses recherches portant sur les conséquences de l’utilisation d’un moyen de contraception au cours de la grossesse. Les conclusions sont sans appel : la contraception n’interrompt pas les grossesses, et est sans danger pour l’embryon en développement.
4- Les contraceptifs permettent en réalité d’éviter les avortements.
On estime que près de la moitié des grossesses ne sont pas désirées. Parmi elles, 60 % se terminent par un avortement. Lorsque les femmes ne peuvent pas accéder de manière légale ou sûre à l’avortement, elles ont généralement recours à des avortements clandestins dangereux, qui constituent l’une des principales causes de décès maternels dans le monde.
En prévenant les grossesses non désirées, les contraceptifs permettent en réalité d’éviter les avortements, et ce faisant, ils sauvent des vies. En évitant les blessures, les handicaps et es coûts liés à la santé associés aux avortements dangereux, les investissements dans la contraception ont même un effet multiplicateur sur la santé et le bien-être des femmes et de leur famille, et un effet amplificateur sur l’ensemble de l’économie.
Rien qu’en 2024, on estime que les contraceptifs distribués par l’UNFPA ont permis d’éviter 18 millions de grossesses non désirées, 7,5 millions d’avortements dangereux et 39 000 décès maternels.
Heureusement, des informations avérées peuvent aider les femmes à prendre des décisions éclairées. « Depuis la conférence sur la santé, de nombreuses femmes apprécient maintenant la planification familiale », se réjouit Mme Chepkemol.