Lorsque la guerre a éclaté au Soudan en avril 2023, elle a ravagé sa capitale Khartoum. Depuis, les combattants ont mené des attaques brutales sur la population civile de tout le pays, provoquant la plus grande crise de déplacement du monde, avec près de 12 millions de personnes contraintes de quitter leur foyer.
Aujourd’hui, alors que les familles commencent à se réinstaller à Khartoum, les cicatrices laissées par le conflit restent douloureusement visibles, en particulier au sein du système de santé. L’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive, participe à l’effort qui vise à reconstruire ce qui a été perdu.
Nous avons visité quatre hôpitaux à Khartoum, certains toujours fermés, d’autres reprenant doucement vie et tentant de sauver la vie des mères et des nouveau-né·e·s.
L’hôpital Ibrahim Malik était une institution incontournable de formation médicale à Khartoum depuis plus de 40 ans, réputé pour ses services maternels et néonatals et ses soins d’urgence. Le Dr Khalid Badreldin, analyste de santé reproductive pour l’UNFPA et formé dans l’établissement, l’a visité récemment et l’a trouvé en ruines.
« J’ai tellement de souvenirs ici. C’est là que j’ai commencé ma carrière », raconte le Dr Badreldin, à gauche sur la photo. « J’y ai pratiqué ma première opération et y ait vécu ma première naissance. Maintenant, voilà dans quel état c’est. »
« Je suis sage-femme depuis 1998 et je continuerai à soutenir les femmes et les filles quoi qu’il arrive. »
Alors que la guerre se poursuit, l’UNFPA participe aux efforts de réapprovisionnement et de reconstruction des services, en s’efforçant d’assurer l’accès des femmes et des filles à des soins vitaux de santé reproductive. Depuis janvier 2025, près de 8 000 accouchements sécurisés ont ainsi été soutenus dans tout le Soudan, et plus de 1,5 million de femmes et de filles ont pu bénéficier de produits de santé sexuelle et reproductive.
L’UNFPA travaille avec ses partenaires pour fournir des services vitaux de protection et de santé reproductive dans les zones où les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sont particulièrement nombreuses. On estime à 272 000 le nombre de femmes enceintes ainsi déplacées dans le pays. En tout, plus de 1,1 million de femmes enceintes n’ont pas un accès suffisant aux services essentiels, notamment à l’aide pré et postnatale pour les survivantes de viol dont la grossesse arrive jusqu’à terme.
Si l’UNFPA déploie toute son expertise en matière de santé maternelle, d’urgences obstétricales, de prise en charge des cas de viol et de soutien psychosocial, des investissements supplémentaires d’importance sont nécessaires pour rétablir les services les plus cruciaux.
« Comme les gens commencent à revenir rapidement vers Khartoum, il est urgent pour tous les partenaires de s’associer afin de reconstruire un système de santé qui a été mis en pièces par la guerre », déclare le Dr Doghim. « De nombreux hôpitaux restent hors service, et ceux qui fonctionnent encore sont confrontés à des pénuries graves de personnel qualifié, d’infrastructures essentielles et de matériel médical. Les femmes et les filles sont les premières à souffrir de cet effondrement. »
Le photographe de l’UNFPA Sufian Abdulmouty a vécu et travaillé à Khartoum quatre ans avant que la guerre éclate. Il est récemment retourné dans la ville pour la première fois en deux ans, et en a pris des photos saisissantes pour cet article. Il nous livre quelques-unes de ses réflexions.
« Je suis rentré à Khartoum après plus de deux ans d’absence. Je ne m’attendais pas à rentrer si vite, mais je l’ai fait. Mes souvenirs de la ville se sont heurtés aux dégâts, j’ai tenté de faire coïncider les ruines avec des fragments du passé : un hôpital encore debout, une maison chaleureuse, des bâtiments qui donnaient autrefois à la ville sa forme que nous aimions tant. La réalité a été trop dure, trop brutale pour que je puisse l’adoucir.
Lorsque j’ai vu dans quel état était la ville, je n’ai pu penser qu’à deux choses : d’abord, que si les gens voulaient retrouver la ville dans un état pareil, c’est que le lieu où ils et elles se sont déplacé·e·s devait être vraiment insupportable ; ensuite, j’ai été frappé d’émotion en voyant à quel point les gens étaient déterminés. Même en ayant traversé tant de choses, il est toujours possible d'aller de l'avant. »
Nous utilisons des cookies et d'autres identifiants pour améliorer votre expérience en ligne. En utilisant notre site web vous acceptez cette pratique, consultez notre politique en matière de cookies.