Dans cet espace sûr de Bangui, la capitale de la République centrafricaine, l’atmosphère est enjouée, festive même. C’est un lieu où les survivantes de la violence reçoivent l’aide dont elles ont besoin pour guérir de leurs traumatismes et commencer à définir leur propre avenir, plus radieux et plus sûr.
L’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive, soutient 12 de ces espaces à travers le pays. Nous avons rencontré des femmes et des filles dans deux d’entre eux pour raconter comment elles entendent prendre un nouveau départ, notamment en lançant leur propre entreprise.
Les espaces sûrs sont ouverts à toutes les femmes et les filles ; nombreuses sont celles à avoir survécu à des violences. La République centrafricaine connaît des taux alarmants de viol, de mariage d’enfants, de mutilation génitale féminine, de violence conjugale et de violence sexuelle, que l’interminable conflit ne fait qu’aggraver.
L’association de soins de santé, d’aide psychologique et de formation vise à aider les femmes à guérir et à promouvoir l’indépendance et l’entrepreneuriat.
C’est vers l’espace sûr Mboko Landja, situé près de Bangui, la capitale, que Naomi s’est tournée pour demander de l’aide.
À l’âge de 7 ans, Naomi a été contrainte de quitter l’école, puis, elle a été mariée de force à 13 ans. Désormais âgée de 22 ans et délivrée de ce mariage, elle vit avec ses sœurs aînées et son fils de 5 ans.
« On nous enseigne l’autonomie pour les femmes, en nous donnant les moyens de vivre sans toujours dépendre des autres », explique-t-elle. « Nous avons appris des choses comme faire du savon. Quand je rentre chez moi, je fabrique et je vends du savon pour gagner un peu d’argent pour pouvoir m’occuper de mon enfant. »
« Depuis le début du projet, les femmes se sentent plus en sécurité, s’affirment et mènent une vie normale. Les femmes savent maintenant se montrer fortes. »
Aux portes de la capitale, des services similaires sont disponibles à l’espace sûr de Bimbo, qui propose en outre une formation en informatique.
Delphine Gisèle, gestionnaire de cas et thérapeute spécialisée en violence basée sur le genre, explique que lorsqu’une victime de violence arrive au centre, la priorité est de l’orienter et de la prendre en charge pour traiter les besoins physiques qu’elle peut avoir. « Nous couvrons ses frais d’hôpitaux, puis cette femme peut revenir vers nous pour bénéficier d’une aide psychosociale », précise-t-elle.
Le centre propose également aux femmes des formations dédiées aux activités permettant de générer des revenus, notamment pour créer des petites entreprises. « Une fois formées, nous les accompagnons et nous leur donnons les outils nécessaires pour les activités de leur choix », explique-t-elle.
« [L’informatique] est devenue ma passion, alors qu’il y a peu de temps encore, je n’y connaissais pas grand-chose. »
« J’ai commencé à petite échelle, à l’aide des kits que j’ai reçus. Grâce à ça, j’ai fait fructifier l’argent pour développer mon activité. Ce commerce m’a permis d’aider ma famille, de subvenir aux besoins de mes proches et de mes enfants, et même d’économiser de l’argent. »
Les espaces sûrs sont essentiels en République centrafricaine, où l’on continue de signaler des attaques contre la population civile et des violations des droits humains, particulièrement dans le sud-est et l’ouest du pays.
À l’heure où nous devons accélérer le rythme, la réponse humanitaire de l’UNFPA se retrouve pourtant confrontée aux incertitudes. Les coupes budgétaires des programmes, dues au retrait du financement américain, auront des conséquences dévastatrices sur les femmes et les filles affectées par cette crise.
Grâce au soutien constant de donateurs de longue date, tels que la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes (ECHO), ces espaces sûrs restent ouverts pour permettre aux femmes et aux filles affectées par la crise de continuer à bénéficier de services vitaux de santé sexuelle et reproductive, ainsi que d’interventions en matière de violence basée sur le genre pour celles qui en ont désespérément besoin..
L’UNFPA reste déterminée à répondre aux besoins des survivantes de la violence basée sur le genre. Les répercussions liées à la perte d’accès aux services vitaux sont inconcevables.
« Le centre offre une seconde chance aux familles d’ici et leur redonne espoir. Nous ne pourrions survivre sans lui. »
Nous utilisons des cookies et d'autres identifiants pour améliorer votre expérience en ligne. En utilisant notre site web vous acceptez cette pratique, consultez notre politique en matière de cookies.