24 Juillet 2025

Lorsque la guerre a éclaté au Soudan en avril 2023, elle a ravagé sa capitale Khartoum. Depuis, les combattants ont mené des attaques brutales sur la population civile de tout le pays, provoquant la plus grande crise de déplacement du monde, avec près de 12 millions de personnes contraintes de quitter leur foyer.

Aujourd’hui, alors que les familles commencent à se réinstaller à Khartoum, les cicatrices laissées par le conflit restent douloureusement visibles, en particulier au sein du système de santé. L’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive, participe à l’effort qui vise à reconstruire ce qui a été perdu.

Nous avons visité quatre hôpitaux à Khartoum, certains toujours fermés, d’autres reprenant doucement vie et tentant de sauver la vie des mères et des nouveau-né·e·s.

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Le Dr Badreldin visite le site ravagé de l’hôpital Ibrahim Malik.
« En me dirigeant vers l’entrée, je priais pour qu’il n’ait pas été complètement détruit. J’ai senti mon cœur se briser lorsque je l’ai vu réduit en cendres, détruit et pillé » - Dr Badreldin

L’hôpital Ibrahim Malik était une institution incontournable de formation médicale à Khartoum depuis plus de 40 ans, réputé pour ses services maternels et néonatals et ses soins d’urgence. Le Dr Khalid Badreldin, analyste de santé reproductive pour l’UNFPA et formé dans l’établissement, l’a visité récemment et l’a trouvé en ruines.

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L’hôpital a été pillé et détruit, et plusieurs de ses ailes ont été incendiées.
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Les dommages sont tels que le bâtiment devra être intégralement reconstruit.
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« J’ai tellement de souvenirs ici. C’est là que j’ai commencé ma carrière », raconte le Dr Badreldin, à gauche sur la photo. « J’y ai pratiqué ma première opération et y ait vécu ma première naissance. Maintenant, voilà dans quel état c’est. » 

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Une fiche médicale sur une couveuse montre que le dernier bébé a été admis à l’hôpital le 14 avril 2023, la veille du début de la guerre.
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Le Dr Okba Doghim, responsable de l’équipe de santé reproductive de l’UNFPA pour le Soudan, examine l’unité de soins néonatals intensifs, détruite, à l’hôpital Ibrahim Malik.
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L’hôpital Al Dayat, qui est la plus grande maternité du Soudan, a été attaquée et a dû s’installer temporairement ailleurs, mais est parvenue à rester opérationnelle.
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Entre 30 et 40 bébés sont mis au monde chaque jour à Al Dayat, contre près de 100 avant la guerre.
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Batoul, sage-femme, explique : malgré les tirs de mortier et d’artillerie incessants, « nous n’avons jamais cessé de travailler » à l’hôpital Al Dayat.
« Je suis sage-femme depuis 1998 et je continuerai à soutenir les femmes et les filles quoi qu’il arrive. »
Batoul

Alors que la guerre se poursuit, l’UNFPA participe aux efforts de réapprovisionnement et de reconstruction des services, en s’efforçant d’assurer l’accès des femmes et des filles à des soins vitaux de santé reproductive. Depuis janvier 2025, près de 8 000 accouchements sécurisés ont ainsi été soutenus dans tout le Soudan, et plus de 1,5 million de femmes et de filles ont pu bénéficier de produits de santé sexuelle et reproductive.

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La maternité de l’hôpital Al Dayat est dotée de sages-femmes dévouées et soutenues par l’UNFPA.
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Une agente de santé s’occupe de nouveau-nés dans l’unité de soins néonatals intensifs d’Al Dayat.
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Le Dr Doghim fait l’inventaire de la salle d’opération et du matériel disponible avec le personnel de l’hôpital.
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Le soutien de l’UNFPA permet à de nouvelles vies de voir le jour à l’hôpital Al Dayat.
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L’hôpital universitaire Haj Mardi, qui fournissait des soins maternels et néonatals, reste fermé à cause des dégâts qu’il a subis. La douille que l’on voit sur la photo a été trouvée dans l’unité de soins néonatals intensifs.
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À l’hôpital Al Saudi, des femmes attendent le moment d’accoucher dans des pièces criblées d’impacts de balles.
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L’hôpital, qui a dû temporairement trouver un autre local après avoir subi un bombardement, opère désormais à nouveau depuis son emplacement d’origine, mais de nombreux établissements sont hors service.
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En mai 2025, plus de 700 femmes ont accouché à Al Saudi, avec l’aide de sages-femmes qualifiées. Cependant, à cause de la limite de capacité actuelle, trois femmes doivent en moyenne se partager le même lit.
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Ramener la lumière dans les hôpitaux de Khartoum : un système à énergie solaire installé à l’hôpital Al Saudi par l’UNFPA.
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Ce bébé est né à l’hôpital après le retour de sa mère à Khartoum, au bout de deux années de déplacement.

L’UNFPA travaille avec ses partenaires pour fournir des services vitaux de protection et de santé reproductive dans les zones où les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sont particulièrement nombreuses. On estime à 272 000 le nombre de femmes enceintes ainsi déplacées dans le pays. En tout, plus de 1,1 million de femmes enceintes n’ont pas un accès suffisant aux services essentiels, notamment à l’aide pré et postnatale pour les survivantes de viol dont la grossesse arrive jusqu’à terme. 

Si l’UNFPA déploie toute son expertise en matière de santé maternelle, d’urgences obstétricales, de prise en charge des cas de viol et de soutien psychosocial, des investissements supplémentaires d’importance sont nécessaires pour rétablir les services les plus cruciaux. 

« Comme les gens commencent à revenir rapidement vers Khartoum, il est urgent pour tous les partenaires de s’associer afin de reconstruire un système de santé qui a été mis en pièces par la guerre », déclare le Dr Doghim. « De nombreux hôpitaux restent hors service, et ceux qui fonctionnent encore sont confrontés à des pénuries graves de personnel qualifié, d’infrastructures essentielles et de matériel médical. Les femmes et les filles sont les premières à souffrir de cet effondrement. »

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L’UNFPA lance un appel d’urgence à la communauté internationale : faire une priorité des investissements dans la reconstruction du système de santé du Soudan.

En coulisses

Le photographe de l’UNFPA Sufian Abdulmouty a vécu et travaillé à Khartoum quatre ans avant que la guerre éclate. Il est récemment retourné dans la ville pour la première fois en deux ans, et en a pris des photos saisissantes pour cet article. Il nous livre quelques-unes de ses réflexions.

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Sufian Abdulmouty devant les bureaux de l’UNFPA à Khartoum. © UNFPA Soudan

« Je suis rentré à Khartoum après plus de deux ans d’absence. Je ne m’attendais pas à rentrer si vite, mais je l’ai fait. Mes souvenirs de la ville se sont heurtés aux dégâts, j’ai tenté de faire coïncider les ruines avec des fragments du passé : un hôpital encore debout, une maison chaleureuse, des bâtiments qui donnaient autrefois à la ville sa forme que nous aimions tant. La réalité a été trop dure, trop brutale pour que je puisse l’adoucir.

Lorsque j’ai vu dans quel état était la ville, je n’ai pu penser qu’à deux choses : d’abord, que si les gens voulaient retrouver la ville dans un état pareil, c’est que le lieu où ils et elles se sont déplacé·e·s devait être vraiment insupportable ; ensuite, j’ai été frappé d’émotion en voyant à quel point les gens étaient déterminés. Même en ayant traversé tant de choses, il est toujours possible d'aller de l'avant. »

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